Archive de la catégorie ‘LECTURES DU MONDE’

Un, deux, trois…, Agatha Christie

Mercredi 1 octobre 2008

Un, deux, trois..., Agatha Christie dans EUROPE 9782702424681-V

4ème de couverture :

On a beau s’appeler Hercule Poirot, on se sent bien peu de chose, renversé dans le fauteuil du dentiste, prêt pour le supplice. L’illustre détective est beaucoup plus à son aise en face d’une affaire criminelle embrouillée.
Qu’à cela ne tienne ! Cette séance humiliante va donner à Poirot l’occasion de montrer son extraordinaire talent.
D’abord parce que le dentiste va mourir de façon peu naturelle. Ensuite, parce que ses patients vont être victimes, l’un après l’autre, d’une série noire angoissante.
De quoi requinquer le plus grand détective de tous les temps après un plombage douloureux…

Mon avis :

En visite sur le blog de Gaël dernièrement, j’y ai découvert sa dernière lecture : « Cinq petits cochons » d’Agatha Christie. Et là une envie subite m’a pris de lire au plus vite un roman de la grande dame du crime. Ne possédant pas ce roman dans ma bibliothèque, j’ai jeté mon dévolu sur « Un, deux, trois… ». Je dirais qu’il s’est à peine passé deux minutes entre le moment où j’ai terminé ma lecture du billet de Gaël et le moment où j’ai commencé celle d’ « Un, deux, trois… ». Et ce fut un réel plaisir de retrouver l’univers d’Agatha Christie et bien plus encore son détective belge au crane ovoïde et à la moustache si parfaite, j’ai cité : Hercule Poirot.

Quand celui-ci apparaît au début du bouquin, il se rend chez son dentiste, avec bien peu d’enthousiasme il faut le dire (mais qui pourrait lui en vouloir de ne pas faire montre d’un peu plus de témérité?). Et par déformation professionnelle, à peine arrivé dans la salle d’attente, le voilà qui commence à observer les autres patients essayant de déceler sous leur apparence la personnalite qui s’y cache.

Quelques heures plus tard, alors que Poirot se remet de cette éprouvante incursion de son palais, l’inspecteur Japp de Scotland Yard l’informe du suicide du susdit dentiste, qui fera écho au décés survenu peu de temps après d’un patient présent le même jour que Poirot. La police conclue alors à l’erreur médicale qui aurait causé la mort du patient et, par un violent sentiment de culpabilité, au suicide du praticien.

Mais cette conclusion apparaît comme bien trop facile et arrangeante pour notre détective. Et il suffit de la disparition d’une autre patiente présente elle aussi le jour fatidique, pour lancer la machine infernale de l’enquête.

S’ensuivent alors les visites souvent impromptues (ou improvisées comme tel) de Poirot à nos différents protagonistes, ses questions les plus sournoises sans en avoir jamais l’air, ses remarques qui font mouche et qui dérangent, et ses réflexions qui donnent à penser qu’il a trouvé la clé de l’énigme tout en nous laissant continuer à gamberger (du genre : « Ah, c’était donc ça… » ou alors « mmmh, je crois comprendre…. » et encore « humm, elle n’est pas aussi innocente que cela la petite… »).

Et moi, j’essaie tant bien que mal de mener aussi mon enquête en petite Poirette que je suis, persuadée à chaque page d’avoir trouvé mon coupable, sans résultats d’ailleurs.

Mais si dans « Les dix petits nègres » la révélation de l’identité du meurtrier tenait du tour de force et que j’aurais été bien en peine de la découvrir, ici j’ai été un peu déçue lors du dénouement car je l’ai trouvé bien compliqué et farfelu. Mais la déception ne dure jamais bien longtemps avec Agatha. J’en aurais bien relu un aussitôt celui-ci terminé, s’il n’y avait déjà un autre livre qui m’attendait, entamé précédemment à « Un, deux, trois… ».

Alors en lectrice consciencieuse et appliquée, j’ai reposé « Un, deux, trois… » à sa place dans la bibliothèque sans laisser flâner ma main sur les quelques livres suivants du même auteur, et j’ai repris ma lecture antérieure (« De Niro’s game ») sans beaucoup d’enthousiasme je l’avoue….

Je pense bientôt retourner me balader dans ce coin-là de ma bibliothèque, pour tenter d’améliorer mes piètres talents de détective dans l’espoir un jour de doubler Poirot dans la course au coupable….

Basil, Wilkie Collins

Mercredi 17 septembre 2008

Basil, Wilkie Collins dans EUROPE 2752901089

4ème de couverture :

Un jeune homme s’engage dans un mariage qui ne tarde pas à se révéler un guet-apens… Où la bonne société victorienne nous dévoile le dessous – peu reluisant – de ses crinolines.

Basil, le plus “sexué” des romans de collins, en tout cas l’un des plus délicieusement inconvenants, ne fait pas beaucoup de cadeaux à son lecteur…qui n’attend d’ailleurs que cela, l’hypocrite.

À ne pas lire la nuit si l’on veut dormir.

Mon avis :

Voici ce que nous dis la 4ème de couverture…. On ne sait pas trop à quoi s’attendre à la lecture de ce résumé mais si vous êtes comme moi, vous vous attendez sans doute à une ambiance menaçante et obscure…. non? Alors, dans la joie du partage, je vais vous en dire un peu plus sur ce « Basil »…..

Basil, c’est le  »bon » fils d’une famille riche et honorable. C’est le garçon type toujours aimable, bienveillant, tolérant, coulant, limite benêt…. C’est celui, vous savez, qui n’a jamais un mot plus haut que l’autre, qui s’emporte rarement et qui se liquéfie dès qu’il doit affronter son père. Ceci dit, c’est vrai qu’il a pas l’air franchement coulant lui pour le coup. On sent qu’il vaut mieux éviter de lui donner une petite tape amicale dans le dos tout en lui disant : »hé, salut papa, ça gaz? » . Et Basil fait très attention à ne jamais décevoir son père, qui met d’ailleurs un point d’honneur à protéger l’honneur et l’estime de cette si respectueuse famille avec un orgueil écrasant.

Mais voilà que bientôt  l’amour s’en mêle. Basil fait la rencontre de la jolie Margaret et le sang lui monte à la tête. Dans un accés de folie (parce qu’il faut réellement onduler de la toiture pour demander en mariage une personne qu’on a seulement entrevue dans un fiacre, mais pourquoi pas après tout?….), il demande la main de cette ravissante demoiselle à son père qui, après moult tergiversations, accepte. Mais à certaines conditions… Oh rien de bien méchant… : Basil épousera sa dulcinée dans une semaine mais celle-ci ne deviendra réellement sa femme qu’au bout d’un an. Et que croyez-vous qu’il fait notre Basil? Bah il accepte évidemment…. 

Mais y a un autre gros soucis dans cette histoire. C’est que cette jeune Margaret n’est pas exactement du même rang social que Basil. Alors vous pensez bien qu’il ne s’est pas précipité pour porter la bonne nouvelle à son père. Basil se marie donc en cachette et repousse à plus tard le moment de mettre son père au jus. Vous me direz si vous êtes d’accord avec moi, mais le fait d’attendre un an pour annoncer à vos parents que vous vous êtes mariés, bizarrement, j’ai l’impression que c’est justement là que les ennuis peuvent commencer. Allez comprendre….

 Voilà donc Basil marié et je m’arréterais là dans le résumé, car le reste du récit laisse place au machiavélisme des personnages et aux tourments du piège dans lequel notre  »héros » est allé se mettre. Ce livre apparaît comme un véritable thriller du XIXe siècle, avec une atmosphère si précise et si visuelle que l’on imagine sans peine les rues de Londres. C’est une histoire funeste et d’une noirceur implacable où l’imposture et la sournoiserie des uns entraîne la vengeance des autres, donnant naissance à la démence et au crime.

Malheureusement, même si l’histoire de cette mésaventure est haletante, la psychologie des personnages est très peu fouillée et ils manquent donc cruellement de profondeur. Ils agissent tels des pantins comme dénués de tout sens critique, ne suivant qu’une seule ligne de conduite. On éprouve donc beaucoup de difficulté à s’attacher à eux ou même à les détester. Peu de temps après avoir tourné les dernières pages, leur souvenir était déjà flou, sans contours.

Malgré une écriture délicate ce livre ne me laissera sans doute pas un souvenir bien vivace….

Le mystère de la crypte ensorcelée, Eduardo Mendoza

Mercredi 3 septembre 2008

Le mystère de la crypte ensorcelée, Eduardo Mendoza dans EUROPE mystere_crypte_ensorcelee

4ème de couverture :

Deux pensionnaires d’un collège religieux de Barcelone ont disparu. Une nonne délirante et un policier véreux promettent la liberté à un délinquant fou à condition qu’il éclaircisse le mystère.

Ce roman policier d’Eduardo Mendoza est d’une férocité parodique et porte sur l’Espagne de l’après-franquisme un regard aussi cocasse qu’impitoyable.

Mon avis :

J’ai souvent croisé ce roman lors de balades physiques ou virtuelles dans le monde littéraire, et ai donc décidé de faire une totale confiance dans le jugement des lecteurs du susdit bouquin. Du coup, persuadée du bien-fondé de mon choix, j’ai aussi décidé de me procurer en même temps les deux romans qui composent sa suite.

Je viens tout juste de terminer la lecture du premier, et tout en regardant les autres, je me blâme de n’avoir pas su attendre. Pourquoi me fallait-il immédiatement les deux autres tomes? Ce n’est pas comme si je faisais un tour à la librairie qu’une fois par an et qu’il me fallait faire mon stock pour l’année à ce moment-là… J’avais tout le temps d’y revenir. Mais non, impatiente que je suis, je voulais les trois tout de suite, sans tarder. Et me voilà bien embêtée!! Car malgré tout ce que j’ai pu lire de positifs sur « Le mystère de la crypte… », j’ai pas vraiment accroché.

J’avais entendu dire qu’il s’agissait d’une enquête hilarante… et  si ma bouche a esquissé à un seul moment l’ébauche d’un sourire, c’est sans doute parce que je devais penser à autre chose. J’ai lu aussi qu’il s’agissait d’un roman « déjanté » (alors là, j’en reste coite…qu’est-ce qui m’arrive???) ou bien qu’on s’attachait au personnage, ce qui, je le précise, n’a pas été franchement mon cas. Quant à l’enquête, même si je suis parfaitement consciente qu’elle ne sert que d’excuse au roman, je l’ai vraiment trouvé limite et la fin, totalement improbable. Mais c’est sans doute ce qui fait le côté « déjanté » du roman justement…. (suis-je à côté de la plaque? Il faut que je me reprenne!)

A côté de ces remarques beaucoup moins positives que ce que j’avais pu lire, je dois reconnaître que ce qui peut faire l’attrait de ce bouquin, c’est le style d’écriture. Les digressions du fou-enquêteur sont assez étonnantes, voire extravagante (je suis sûre qu’à la fin de cette analyse, j’aurais perçu le côté « déjanté », j’y crois), mais toujours d’une tournure parfaite. Il faut voir ce qu’il est capable de sortir comme arguments dans la seconde pour s’expliquer ou se disculper. Et même si je n’ai pas été emballée par ce roman, j’ai bien perçu le but réel de l’auteur: montrer les dysfonctionnements de la société en mettant en scène un fou qui enquête pour le compte de la police, prête à le relacher s’il réussi. De ça, j’étais sûre dès le départ, il ne s’agissait pas d’un polar tel qu’on le conçoit mais plutôt d’une parodie. 

J’exagère sans doute beaucoup car on ne peut pas nier toutes les bonnes critiques à son sujet. Mais bon, ça n’a pas fait tilt avec moi même si on est bien loin, même très loin, d’un mauvais bouquin. Je pense que pour ceux qui apprécient les situations décalées, ce roman ne les décevra pas. En ce qui me concerne, je m’attendais à autre chose, je ne sais pas exactement quoi, mais autre chose….

Mais, mais, mais…. étant l’heureuse propriétaire de deux autres livres du même auteur, je me décide, je m’engage, à retenter l’expérience!! Et peut-être arriverais-je à apprécier le décalage et l’originalité de ces romans.

American rigolos, Chroniques d’un grand pays, Bill Bryson

Lundi 25 août 2008

American rigolos, Chroniques d'un grand pays, Bill Bryson dans AMERIQUE DU NORD 517GGRTNJ0L._SL210_

4ème de couverture :

De retour aux Etat-Unis après avoir vécu ving ans en Angleterre, Bill Bryson s’étonne : “Les Américains ont produit plus de prix Nobel que le reste du monde réuni. Et pourtant, selon un sondage, 13 pour 100 des Américaines sont incapables de dire si elles portent leur slip sous ou sur leurs collants.

Durant les dix-huit premiers mois de son établissement en Nouvelle-Angleterre, notre héros sa lance alors à la “redécouverte” de l’Amérique avec l’humour pour seule arme. Rien n’échappe à son sens de l’observation ni à son manque de sens pratique. Il lui faut guerroyer avec l’administration et les supermarchés, avec la publicité et les séries télé, avec l’informatique et le jardinage, avec les créatures de la forêt et son coiffeur, et même avec son épouse britannique, qui deviendra vite une Américaine accomplie.

Mon avis :

Après quelques vingtaines d’années passées en Angleterre, Bill Bryson retrouve son Amérique natale où il emménage avec femme et enfants. Pour un hebdomadaire britannique, et surtout pour notre plus grand bonheur, Bill va relater, sous forme de chroniques, les défauts et travers de l’American way of life. Il va prendre un plaisir certain à croquer les moeurs des Américains avec des sujets tels que la chasse à l’élan, les joies de l’informatique, la malbouffe, les risques des sports d’hiver, les préparations des fêtes de fin d’années et autres Thanksgiving, ou encore la découverte de gadgets en tout genre (le broyeur d’ordures ménagères étant sans doute la plus tordante), etc.

Avec beaucoup de finesse d’esprit, il va porter un regard décalé sur tout ce qui fait le quotidien de la société américaine, sans tomber dans la polémique ou la controverse, même s’il n’hésite pas à aborder des sujets plus sérieux tels que la peine de mort, l’écologie, la drogue ou le racisme. On pourra peut-être lui reprocher de pousser à l’extrême certains travers des Américains, mais avec l’humour comme arme, il nous apprend à dépasser le premier degré…

Ce qui est très intéressant et qui fait d’autant plus réfléchir, c’est qu’avec les années, ce livre datant d’il y a un peu plus de 10 ans, certains particularismes spécifiquement américains se sont maintenant généralisés et sont parvenus jusqu’à nous. Ainsi la malbouffe, le gaspillage, ou la pollution sont autant de reproches que l’on peut faire à nous autres européens. Car Bill met le doigt là où ça fait vraiment mal et démontre l’absurde de nos vies modernes.

Mais, au final, ce que j’ai vraiment adoré dans ce livre, c’est l’humour, le cynisme de l’écriture de Bryson. C’est l’anti-héros par excellence, qu’on le chausse de patins à glace ou de maillot de bain, qu’on lui demande de jardiner ou d’installer le sapin de Noël, qu’il prenne l’avion ou réserve une chambre d’hôtel… Toutes ces anecdotes sont un pur régal, et on souhaiterait partager beaucoup de ces moments avec lui, en véritable spectateur… C’est un parfait mélange d’humour et d’intelligence. Encore un bon moment passé en compagnie de Bill…

Petites infamies, Carmen Posadas

Mardi 5 août 2008

Petites infamies, Carmen Posadas dans EUROPE infamies

4ème de couverture :

Bien sûr, bien sûr que Nestor Chaffino, traiteur madrilène de talent, avait imaginé sa fin dans ces jeux morbides auxquels les hommes s’adonnent parfois. Mais son imagination avait sans doute mis moins d’ironie que le fit le sort en le guidant à la mort, derrière la porte close de la chambre froide d’une villa de la Costa del Sol. La question classique tombe alors, comme le couperet sur un quartier de viande : cette mort est-elle accidentelle et si ce n’est pas le cas, qui est le coupable ? Interrogation d’autant plus passionnante que Nestor collectionne aussi bien les secrets culinaires que les secrets inavouables de tous les occupants de la maison qui fut son tombeau…

Mon avis :

En général, j’affectionne énormément les histoires policières à la « sauce » Agatha Christie et avec « Petites infamies » de Carmen Posadas entre les mains je me sentais bien partie pour une partie de Cluedo à la mode madrilène…

Qui donc a tué Nestor Chaffino retrouvé mort dans la chambre froide d’une splendide villa où une réception venait d’être donnée? S’agit-il du maître de maison, Ernesto Teldi ? Ou peut-être de sa femme, Adela ? Ou encore de leur ami Serafin Tous? Sans oublier Chloé Trias, jeune fille embauchée pour prêter main forte à Nestor? Tous susceptibles de tuer, mais un seul meurtrier…

Le début du livre m’a plutôt séduite, je trouvais que le récit s’enchainait bien, et l’étude de moeurs autant que l’histoire policière m’intriguait. Car si Nestor rédigeait dans un carnet tous les petits secrets des grands chefs cuisiniers, qu’il s’amusait à intituler « Petites infamies », il fut aussi le témoin, souvent fortuit et imprévu, d’infamies commises par nos susdits personnages. Et si Nestor n’a jamais pensé à jouer au maître chanteur, sa présence ce soir-là est pourtant ressentie comme un danger,  une douloureuse menace. Comment l’empêcher de parler, lui qui ne voulait rien dire?!!

Mais voilà, malgré l’humour et le ton caustique de l’auteur, une écriture dynamique et une idée qui paraissait originale, la fin est, à mon goût, totalement décevante. Ca tourne à la caricature, et le dénouement est…. bah à vrai dire je le cherche encore!! Laissez moi le temps de jouer de la vapeur pour décoller la couverture à la recherche du feuillet caché, et je vous parlerai alors de la fin surprenante que j’attendais tant… Nan, plus franchement, la fin est complétement tirée par les cheveux. Aïe, aïe, aïe, ça fait mal!! Ceci dit, je me fais souvent la réflexion qu’il y a des livres dont on suppose l’épilogue à la moitié du livre, et d’autres où la fin est tellement tordue qu’on aurait été bien en peine de l’imaginer…  

Alors, je dirais seulement :  »amis lecteurs blasés des policiers, réfléchissez avant de goûter à celui-ci! Il n’est pas dit que vous le trouviez savoureux. » 

La grosse femme d’à côté est enceinte, Michel Tremblay

Mardi 29 juillet 2008

La grosse femme d'à côté est enceinte, Michel Tremblay dans AMERIQUE DU NORD 51FXA9BFK6L._SL500_AA240_

4ème de couverture :

Au coeur du Plateau Mont-Royal, ce quartier populaire de Montréal qui prend des allures de véritable microcosme social, une femme de 42 ans, enceinte de sept mois, devient le centre d’un monde réaliste et fantasmagorique. Dans la journée du samedi 2 mai 1942, alors que tourbillonnent émotions et drames de la vie privée, le romancier met en place, avec un grand bonheur d’écriture, les acteurs du premier tome du puissant cycle romanesque des Chroniques du Plateau Mont-Royal.

Mon avis :

Le récit de La grosse femme d’à côté est enceinte, de Michel Tremblay, fut écrit une dizaine d’années après sa pièce de théâtre Les Belles soeurs. Si le genre littéraire change, l’action pourtant rappelle ici le théâtre puisqu’elle  se réduit à une seule journée, le 2 mai 1942, et à un même lieu, le quartier du Plateau Mont-Royal, plus particulièrement la rue Fabre et le Parc Lafontaine. Ce condensé de vies donné à voir en une seule journée, à première vue normale, mais pas tout à fait ordinaire, et cette galeries de portraits vivants, complexes et variés rendent la lecture de ce livre exquise.

L’histoire est avant tout celle d’une famille autour de laquelle gravite celle d’un quartier. Si Victoire, la grand-mère, semble être la figure centrale de cette famille, c’est pourtant bel et bien « la grosse femme » qui est le point névralgique et le symbole maternel par excellence. Son obésité joint à sa grossesse la condamne à l’inactivité, assise seule dans sa chambre, et tous les autres personnages composent leur vie autour d’elle. Son absence même de prénom lui confère une nature universelle et c’est auprès d’elle que les uns et les autres viennent s’épancher et se confesser. Ce thème de la maternité est omniprésent dans le récit, révélée à la fois comme ce qu’il y a de plus beau et de plus vénérable quand la grossesse est souhaité, ce qui est le cas de « de la grosse femme », ou alors entâchée par la répugnance et le refus, ce qui est le cas d’autres femmes enceintes du quartier et d’Albertine, la belle-soeur de la grosse femme. Michel Tremblay met en relief le fait que durant la guerre, l’enfantement pouvait dispenser les hommes d’aller à la guerre. Certaines femmes devenaient alors mère par contrainte et obligation plutôt que par désir. De plus, l’ignorance et l’absence de communication menaient les femmes à méconnaître leur condition d’épouse et de futur mère. Dans le récit, c’est la grosse femme, qui à la fin, réunit les femmes enceintes et tente de les éclairer sur ces choses de la vie. 

Même si je m’attache particulièrement au personnage de la grosse femmes, tous les autres personnages sont aussi passionnants, et l’on se rend d’ailleurs compte que l’amour et la sexualité ne préoccupent pas seulement les femmes enceintes. Voyez Edouard dont nous comprenons bien les penchants, les deux enfants, Thérèse et Richard qui découvrent les troubles de la sexualité, Albertine qui la rejette, la grosse femme et son mari qui y aspirent, etc…

Et puis, il y a aussi ces quatres femmes, les trois tricoteuses et leur mère, les gardiennes, les tisseuses de destin, invisibles protectrices semblables aux Parques, qui distillent dans le roman cette touche de fantastique et de surnaturel qui côtoie avec un naturel déconcertant le réalisme du récit. 

Et puis bien sûr, il serait impensable de ne pas parler du langage, du parler typiquement québécois, qui ne rend pas les mêmes sensations que le classique français. Et de ce langage naît le pouvoir de communiquer et de rentrer en contact. Il n’est pas besoin de description dans ce livre, le langage seul permet de voir, de sentir les personnages, il est totalement visuel.

Que dire de plus pour raconter mon plaisir de lecture, pour rendre compte de la beauté de ce récit et du talent de son auteur et pour vous donner à votre tour le désir de rencontrer la grosse femme? Tout simplement que vous allez côtoyer des personnages attachants dans un univers qui l’est tout autant, que vous aurez aussi souvent un sourire aux lèvres qu’un pincement au coeur, et que vous aurez une envie irrésistible de lire à voix haute…

Un grand merci à ma maman, ma figure maternelle à moi, qui a eu l’excellente idée de me confier ce livre de Michel Tremblay.

ON EN PARLE ICI AUSSI : Karine

Nos voisins du dessous : Chroniques australiennes, Bill Bryson

Jeudi 10 juillet 2008

Nos voisins du dessous : Chroniques australiennes, Bill Bryson dans GENRES LITTERAIRES 9782228899918

4ème de couverture :

L’Australie n’est pas seulement célèbre pour ses kangourous, ses drag-queens et ses surfeurs. On y trouve aussi les bestioles les plus voraces et venimeuses du globe, des déserts où mieux vaut ne pas s’aventurer pour un petit besoin, et puis de drôles de gens persuadés que vous les prenez pour des ploucs du bout des antipodes.Bill Bryson, l’illustre auteur chez Payot de Motel Blues et American Rigolos, aimerait ressembler à Indiana Jones plutôt qu’à Mister Bean. Le voici donc surarmé de courage pour sillonner l’Australie et en aborder les thèmes les plus divers : sa flore, sa faune et sa population, mais aussi l’histoire très singulière de son exploration et de sa colonisation, sans oublier la « question aborigène », car si une plume aussi caustique traite d’un sujet aussi grave, c’est pour mieux nous en révéler toutes les aberrations.

Mon avis :

Désolée pour ces quelques jours d’absence, mais je reviens tout juste d’un voyage étonnant, époustouflant, à l’autre bout du monde… tout juste le temps de rentrer, de souffler un peu, de se poser et je viens vous raconter tout ça. Mais bon, j’ai peut-être un peu triché… C’est vrai j’ai « voyagé », loin je vous l’accorde, mais sans bouger de mon confortable canapé. Juste un bouquin de Bill Bryson entre les mains, et me voilà en Australie. Enfin je m’y trouvais déjà quelques temps auparavant avec Nikki Gemmell… j’ai juste changé de guide en cours de route.

Mieux que le Guide du Routard ou autre Michelin, les récits de voyage de Bill Bryson sont un pur régal!! Il s’avère être un agréable compagnon de voyage, pas mal bavard, toujours joyeux, souvent hilarant, et authentique anti-héros qui nous raconte avec auto-dérision ses tribulations australiennes.

Mais ce cher Bill the Routard  se révèle être aussi très curieux, ne laissant aucun détail culturel de côté, vous expliquant tout à la perfection. Rien à voir avec d’insipides cours d’histoire-géo. L’Australie vous est révélée de part en part. De sa colonisation à la construction de ses grandes villes, en passant par sa géographie, son désert, ses bestioles plus effrayantes les unes que les autres (à savoir, araignée à dos-rouge, méduse-boite, vers géants pouvant atteindre 4m, et autres requins et alligators), et son incroyable et démesuré « vide » central.

Hé oui, l’Australie fait rêver bien des gens, mais le tarif « effrayant » pour s’y rendre à tendance à nous faire choisir des destinations un peu plus abordables. C’est pourquoi, ce récit est un moyen peu coûteux de voyager. Et je n’espère maintenant qu’une chose… que Bill fasse ses bagages et reparte rapidement à l’aventure d’un nouveau pays!! 
 

ON EN PARLE ICI AUSSI : Sophie

Les noces sauvages, Nikki Gemmell

Samedi 5 juillet 2008

Les noces sauvages, Nikki Gemmell dans GENRES LITTERAIRES 2714436374.08.LZZZZZZZ 

4ème de couverture :

« Un chèque est à l’origine de cette histoire. L’enveloppe qui l’apporta était bleuie par la crasse et, pour être passée entre trop de mains, fine comme du papier à cigarettes. Elle mit deux mois pour atteindre Snip. Le montant du chèque était conséquent et les instructions jointes, tapées à la machine, brutales : Traque-le! »

Ainsi commence l’hallucinant voyage de Snip Freedman. Un voyage qui, pour la jeune artiste vagabonde, instable va se transformer en une vraie quête des origines.

Plusieurs milliers de kilomètres de route qui la mènent jusqu’au coeur de l’Australie originelle, celle des Aborigènes dont la mystèrieuse culture reste à jamais impénétrable aux Blancs, celle du désert ocre qui s’étend au centre du pays, sauvage, plombé de soleil, où elle va frôler la mort et aussi, enfin, toucher du doigt sa vérité…

Mon avis:

Quand j’ai entendu parler de cette auteure et de ce livre en particulier, j’ai tout de suite ressenti beaucoup de curiosité et d’intérêt. Il y était question de l’Australie, et rien que pour ça, je voulais tenter l’expérience. Mais, au final, mon sentiment définitif est assez mitigé.

J’ai été conquise par la description de ce territoire infini, désertique, brûlant, inhospitalier… Malgré toute son hostilité, il captive, fascine, et provoque par sa singularité. Et Nikki Gemmell a l’aisance et la virtuosité d’en parler de cette manière. Elle montre avec réalisme ce qu’il est et ce qu’il représente pour les Australiens et les Aborigènes. Et ici aussi, elle parle de ces deux cultures comme on marche sur la pointe des pieds : sans trop en dire, en laissant deviner et imaginer. Elle montre du doigt mais toujours de manière discrète, car l’heure n’est pas à l’explication ni à la justification. Mais de manière très subtile, elle parle de ce fossé qui existe entre ces deux « communautés ». Les uns sont les « Blancs », les autres sont les « Noirs »… On s’aborde, on se jauge, on se craint parfois, on tente de se respecter, mais il existe une limite invisible que l’on devine toujours…

Quant à l’histoire, je dois reconnaître que si je ne suis pas une inconditionnelle de ces héros en proie à l’instrospection et à l’auto-analyse, cette Snip est attachante et la relation avec son père émouvante. Mais bon, sans le décor autour, aussi omniprésent, je ne suis pas sûre que j’aurais accroché avec cette histoire. Le désert, l’outback est vraiment un des personnages principaux et sans lui, le récit n’aurait pu la même saveur.

Mais ce qui m’a le plus gêné, c’est le style d’écriture, cette prose poétique, trop ciselée, trop tranchante, qui manque de naturel à mon goût, mais qui a sans doute son charme pour ceux qui apprécient. Je ne suis malheureusement pas de ceux-là…

ON EN PARLE ICI AUSSI : Yueyin

Le monde selon Garp, John Irving

Jeudi 26 juin 2008

Le monde selon Garp, John Irving dans AMERIQUE DU NORD 9782020363761

4ème de couverture :

Jenny Fields ne veut pas d’homme dans sa vie, mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d’écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n’est jamais loin… Un livre culte, à l’imagination débridée, facétieuse satire de notre monde.


Mon avis :

Ouh la…!! Dur exercice qui m’attend là. En lectrice inconditionnelle des romans de John Irving, je ne suis pas sûre d’arriver à faire une critique vraiment…. euh… »critique ». Je suis sûre que si c’était l’auteur du bottin, l’annuaire aurait pu devenir mon livre de chevet… Mais n’exagérons pas, essayons de faire un commentaire construit….

L’histoire?… Difficile de la raconter. Il s’agit plustôt d’un ensemble d’histoires représentées par une multitude de personnages plus hauts en couleur les uns que les autres…

Il y a Garp bien sûr… son enfance, sa vie d’adulte, son goût de l’écriture, ses angoisses de père…et puis Garp c’est aussi tous ces autres personnages qui gravitent, tels des satellites, autour de lui : sa mère, écrivain et féministe jusqu’au bout des ongles de pieds, sa femme Hélène, sa meilleure amie transexuelle, ses enfants…et encore bien d’autres…

Garp, c’est aussi une ribambelle d’anecdotes, d’événements aussi cocasses qu’extravagants et dramatiques, et décris avec force détails et minutie. Et tous ces épisodes s’encastrent comme dans un engrenage invisible mais toujours contrôlé. Importance aussi de ces actes a priori insignifiants, des faux-pas accidentels ou non, mais dont les répercussions annoncent parfois de véritables tragédies. 

Mais Garp, ainsi que tous les autres personnages c’est aussi et surtout un miroir : voyez leurs flaiblesses, leurs défauts, leurs folies, leurs sensibilités. Vous pourrez toujours vous identifier à tel ou tel personnage, parce que un ou plusieurs aspects de leur caractère, ressemble au nôtre. Même quand ça paraît étrange ou farfelue, on est près à croire que c’est vrai. Son histoire n’est qu’une somme des parties de chacun de nous. L’on ne peut échapper à ces reflexions pertinentes sur le sens de la vie : sur tout ce que nous avons réalisé et tenté de mener à bien dans la vie, malgrès les peines, les tourments et les disparitions… C’est toute la fragilité de la vie qui est décrite ici… Et ce roman est en parfaite conformité avec elle.

C’est presque difficile d’exprimer verbalement ce qu’est cette oeuvre. J’éprouve quelques difficultés à formuler avec concision ce qui m’attire en elle. Ce que j’y vois, c’est une oeuvre vivante, une ligne de vie…

ON EN PARLE ICI AUSSI : Gaël, Bluegrey, Choupinette

Le matou, Yves Beauchemin

Mercredi 25 juin 2008

Le matou, Yves Beauchemin dans AMERIQUE DU NORD le-matou

4ème de couverture :

Florent Boissonneault, jeune montréalais, rêve de posséder son propre restaurant et Elise, son épouse, de fonder une famille. Un jour, Florent rencontre un étrange vieux monsieur, Egon Ratablavasky, qui lui propose de l’aider à racheter  » La Binerie  » un petit restaurant en vente à un prix dérisoire. Enfin propriétaires,  Florent et Elise prennent en affection  » monsieur Emile « , un jeune garçon de six ans délaissé par sa mère et qui a trouvé refuge, avec son chat, dans leur restaurant. Mais la générosité de Ratablavasky laisse place à une méchanceté sordide que seule la malignité du matou de  » monsieur Emile  » pourra finalement déjouer…

Mon avis :

C’est, à mon sens, un roman incontournable pour qui souhaite découvrir la littérature québécoise… voire même, incontournable tout court!! Et je remercie ma petite maman de m’avoir mis ce livre entre les mains…

On découvre en effet un récit captivant qui s’équilibre entre conte et réalisme : d’un côté, de la fantaisie, un soupçon de fantastique, et quelques situations rocambolesques, et de l’autre, la description du Montréal d’il y a 30 ans, ses rues, ses habitants, son accent si charmant et son froid perçant et impitoyable…

Vous vous attacherez sans doute aux héros et à tous les personnages secondaires, dont vous deviendrez l’ami(e) au fur et à mesure du récit, et si vous êtes comme moi, vous aurez bien du souci à les quitter au moment de refermer le livre sur cette incroyable histoire.

Je n’ai qu’une chose à dire : « Merci M. Beauchemin et encore!! »

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