Archive de la catégorie ‘l’Espagne’

200 chambres, 200 salles de bain

Lundi 23 mars 2009

200 chambres, 200 salles de bain dans AUTEURS 220_____Larbaud(2)_13

Avant toute chose, disons le très clairement de façon à ce que personne ne passe sa route devant ce livre, il ne s’agit pas d’un livre de déco proposé par Valérie Damidot!!! Point question de parler de peinture, carrelage et que sais-je encore? Nous sommes bien loin de tout ça et vous auriez bien tort de vous détourner de cet ouvrage.

Valéry Larbaud, fils d’un pharmacien et riche héritier des sources Vichy Saint-Yorre est né en 1881. Rentier menant une vie de dandy, il n’en demeure pas moins victime d’une santé fragile pour laquelle il fréquentera de nombreuses stations thermales. Parallèlement à ses débuts d’écrivain prometteurs, il se lance aussi dans la traduction d’oeuvres étrangères et introduit ainsi en France des auteurs tels James Joyce, Samuel Butler et William Faulkner. En 1935 cependant, une hémorragie cérébrale le rend hémiplégique et aphasique, le condamnant ainsi à passer du fauteuil au lit et inversement pour le restant de ces jours.

C’est peu avant cet accident, en 1927 qu’il écrit 200 chambres, 200 salles de bain, lors d’une nuit d’insomnie alors qu’il séjourne au Palace Hotel de Bussaco au Portugal. Nuit d’insomnie qui lui permet d’écrire, de retracer ses longs séjours en hôtels mais qui lui permet surtout de dire sans trop avouer sa souffrance physique.

La chambre d’hôtel est à la fois un lieu étranger mais aussi un « chez soi » de quelques jours ou quelques semaines. Un « chez soi » que l’on tente d’apprivoiser et pour lequel on se crée des points de repères presque fictifs. L’hôtel est un lieu public comme tant d’autres, où les clients se croisent tels des étrangers qu’ils sont les uns pour les autres, et pourtant l’hôtel devient un lieu de vie presque personnel. L’hôtel est un microcosme, une ville dans la ville, chez soi dans sa chambre, ailleurs, dehors, dès la porte refermée.

 Valéry Larbaud, dans son cas précis, compare aussi la vie d’hôtel à la vie d’un patient dans un sanatorium, entre le séjour consentant et la dépendance à autrui, à mi-chemin de l’existence active et de la convalescence. La chambre d’hôtel, si impersonnelle qu’elle puisse parfois lui paraître, est tout à la fois un refuge et une scène. Il peut s’enfermer dans cette chambre quand la maladie prend le dessus et lui laisse peu de répit, tout en endossant le rôle du client capricieux jouant au malade imaginaire. Elle lui laisse la liberté, interdite à l’hôpital ou au sanatorium, de disparaître aux yeux des gens quand le mal approche, pour mieux réapparaître quand celui-ci prend de la distance.

Et pourtant, nous lecteurs de ce livre, savons mieux que quiconque qu’il n’est pas un malade imaginaire. L’écriture elle-même transpire la souffrance. Son récit est à l’image de sa vie, en dents-de-scie, alternant les moments de répit avec des passages d’une douleur saisissante. L’on ressent presque sa souffrance, son désarroi, son impuissance… presque car je reste convaincue qu’aucune imagination, la plus fertile soit-elle, ne peut donner le ressenti d’un tel mal physique….

Le mystère de la crypte ensorcelée, Eduardo Mendoza

Mercredi 3 septembre 2008

Le mystère de la crypte ensorcelée, Eduardo Mendoza dans EUROPE mystere_crypte_ensorcelee

4ème de couverture :

Deux pensionnaires d’un collège religieux de Barcelone ont disparu. Une nonne délirante et un policier véreux promettent la liberté à un délinquant fou à condition qu’il éclaircisse le mystère.

Ce roman policier d’Eduardo Mendoza est d’une férocité parodique et porte sur l’Espagne de l’après-franquisme un regard aussi cocasse qu’impitoyable.

Mon avis :

J’ai souvent croisé ce roman lors de balades physiques ou virtuelles dans le monde littéraire, et ai donc décidé de faire une totale confiance dans le jugement des lecteurs du susdit bouquin. Du coup, persuadée du bien-fondé de mon choix, j’ai aussi décidé de me procurer en même temps les deux romans qui composent sa suite.

Je viens tout juste de terminer la lecture du premier, et tout en regardant les autres, je me blâme de n’avoir pas su attendre. Pourquoi me fallait-il immédiatement les deux autres tomes? Ce n’est pas comme si je faisais un tour à la librairie qu’une fois par an et qu’il me fallait faire mon stock pour l’année à ce moment-là… J’avais tout le temps d’y revenir. Mais non, impatiente que je suis, je voulais les trois tout de suite, sans tarder. Et me voilà bien embêtée!! Car malgré tout ce que j’ai pu lire de positifs sur « Le mystère de la crypte… », j’ai pas vraiment accroché.

J’avais entendu dire qu’il s’agissait d’une enquête hilarante… et  si ma bouche a esquissé à un seul moment l’ébauche d’un sourire, c’est sans doute parce que je devais penser à autre chose. J’ai lu aussi qu’il s’agissait d’un roman « déjanté » (alors là, j’en reste coite…qu’est-ce qui m’arrive???) ou bien qu’on s’attachait au personnage, ce qui, je le précise, n’a pas été franchement mon cas. Quant à l’enquête, même si je suis parfaitement consciente qu’elle ne sert que d’excuse au roman, je l’ai vraiment trouvé limite et la fin, totalement improbable. Mais c’est sans doute ce qui fait le côté « déjanté » du roman justement…. (suis-je à côté de la plaque? Il faut que je me reprenne!)

A côté de ces remarques beaucoup moins positives que ce que j’avais pu lire, je dois reconnaître que ce qui peut faire l’attrait de ce bouquin, c’est le style d’écriture. Les digressions du fou-enquêteur sont assez étonnantes, voire extravagante (je suis sûre qu’à la fin de cette analyse, j’aurais perçu le côté « déjanté », j’y crois), mais toujours d’une tournure parfaite. Il faut voir ce qu’il est capable de sortir comme arguments dans la seconde pour s’expliquer ou se disculper. Et même si je n’ai pas été emballée par ce roman, j’ai bien perçu le but réel de l’auteur: montrer les dysfonctionnements de la société en mettant en scène un fou qui enquête pour le compte de la police, prête à le relacher s’il réussi. De ça, j’étais sûre dès le départ, il ne s’agissait pas d’un polar tel qu’on le conçoit mais plutôt d’une parodie. 

J’exagère sans doute beaucoup car on ne peut pas nier toutes les bonnes critiques à son sujet. Mais bon, ça n’a pas fait tilt avec moi même si on est bien loin, même très loin, d’un mauvais bouquin. Je pense que pour ceux qui apprécient les situations décalées, ce roman ne les décevra pas. En ce qui me concerne, je m’attendais à autre chose, je ne sais pas exactement quoi, mais autre chose….

Mais, mais, mais…. étant l’heureuse propriétaire de deux autres livres du même auteur, je me décide, je m’engage, à retenter l’expérience!! Et peut-être arriverais-je à apprécier le décalage et l’originalité de ces romans.

Petites infamies, Carmen Posadas

Mardi 5 août 2008

Petites infamies, Carmen Posadas dans EUROPE infamies

4ème de couverture :

Bien sûr, bien sûr que Nestor Chaffino, traiteur madrilène de talent, avait imaginé sa fin dans ces jeux morbides auxquels les hommes s’adonnent parfois. Mais son imagination avait sans doute mis moins d’ironie que le fit le sort en le guidant à la mort, derrière la porte close de la chambre froide d’une villa de la Costa del Sol. La question classique tombe alors, comme le couperet sur un quartier de viande : cette mort est-elle accidentelle et si ce n’est pas le cas, qui est le coupable ? Interrogation d’autant plus passionnante que Nestor collectionne aussi bien les secrets culinaires que les secrets inavouables de tous les occupants de la maison qui fut son tombeau…

Mon avis :

En général, j’affectionne énormément les histoires policières à la « sauce » Agatha Christie et avec « Petites infamies » de Carmen Posadas entre les mains je me sentais bien partie pour une partie de Cluedo à la mode madrilène…

Qui donc a tué Nestor Chaffino retrouvé mort dans la chambre froide d’une splendide villa où une réception venait d’être donnée? S’agit-il du maître de maison, Ernesto Teldi ? Ou peut-être de sa femme, Adela ? Ou encore de leur ami Serafin Tous? Sans oublier Chloé Trias, jeune fille embauchée pour prêter main forte à Nestor? Tous susceptibles de tuer, mais un seul meurtrier…

Le début du livre m’a plutôt séduite, je trouvais que le récit s’enchainait bien, et l’étude de moeurs autant que l’histoire policière m’intriguait. Car si Nestor rédigeait dans un carnet tous les petits secrets des grands chefs cuisiniers, qu’il s’amusait à intituler « Petites infamies », il fut aussi le témoin, souvent fortuit et imprévu, d’infamies commises par nos susdits personnages. Et si Nestor n’a jamais pensé à jouer au maître chanteur, sa présence ce soir-là est pourtant ressentie comme un danger,  une douloureuse menace. Comment l’empêcher de parler, lui qui ne voulait rien dire?!!

Mais voilà, malgré l’humour et le ton caustique de l’auteur, une écriture dynamique et une idée qui paraissait originale, la fin est, à mon goût, totalement décevante. Ca tourne à la caricature, et le dénouement est…. bah à vrai dire je le cherche encore!! Laissez moi le temps de jouer de la vapeur pour décoller la couverture à la recherche du feuillet caché, et je vous parlerai alors de la fin surprenante que j’attendais tant… Nan, plus franchement, la fin est complétement tirée par les cheveux. Aïe, aïe, aïe, ça fait mal!! Ceci dit, je me fais souvent la réflexion qu’il y a des livres dont on suppose l’épilogue à la moitié du livre, et d’autres où la fin est tellement tordue qu’on aurait été bien en peine de l’imaginer…  

Alors, je dirais seulement :  »amis lecteurs blasés des policiers, réfléchissez avant de goûter à celui-ci! Il n’est pas dit que vous le trouviez savoureux. » 

Escale à Barcelone…

Vendredi 20 juin 2008

Escale à Barcelone... dans EUROPE carte-espagne   696941-gf dans GENRES LITTERAIRES

LOmbre du vent, Carlos Ruiz Zafon

Me voilà fraîchement débarquée à Barcelone que je vais avoir l’opportunité de découvrir sous deux aspects différents via un petit voyage dans le temps : la Barcelone de l’après-guerre civile et celle de la fin des années 50… 

C’est à cette première époque que j’ai rencontré Daniel Sempere, 10 ans, et son père. Cet homme emmenait alors son fils dans un endroit demeuré secret, le Cimetière des Livres Oubliés, pour se prêter à un étrange rituel qui se transmet de générations en générations : »l’adoption » d’un ouvrage que l’enfant doit lui-même choisir.L’enfant a choisi le livre, mais j’ai souvent eu l’impression aussi que c’est le livre qui a choisi l’enfant… Toujours est-il que ce volume va changer le restant de la vie de Daniel qui va s’obstiner des années durant à retrouver la trace de son auteur…

J’ai passionnément aimé me balader aux côtés de ces personnages tous plus attachants les uns que les autres et qui m’ont fait découvrir une Barcelone tout à la fois dure, réelle, fantasque et magique. Et c’est avec une peine non dissimulée que mon séjour espagnol s’est terminé, avec de la magie plein des yeux et un amour ses livres qui avait encore décuplé…

Et comme j’étais dans le coin, j’ai poussé un peu vers l’ouest, direction le Portugal pour un séjour à Lisbonne…