Archive de la catégorie ‘romans’

Le treizième conte, Diane Setterfield

Lundi 8 décembre 2008

Le treizième conte, Diane Setterfield dans EUROPE 20070322.WWW000000314_9641_1

4ème de couverture :

Vida Winter, auteur de best-sellers vivant à l’écart du mond, s’est inventé plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd’hui âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l’extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à sa biographe Margaret Lea est une injonction : elle l’invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l’imaginaire ; et elle ne croit pas au récit de Vida. Les deux femmes confrontent les fantômes qui participent de leur histoire et qui vont les aider à cerner leur propre vérité. Dans la veine du célèbre Rebecca de Daphné Du Maurier, ce roman mystérieux et envoûtant est à la fois un conte gothique où il est question de maisons hantées et de sœurs jumelles au destin funeste, et une ode à la magie des livres.

Mon avis :

On ne peut pas dire que je fasse dans l’originalité avec ce roman étant donné que je dois être à peu près la énième bloggeuse à en parler. Et je rejoins le concert d’éloges pour dire tout le bien que j’en pense.

La rencontre entre Margaret, biographe, et Vida Winter, auteur de best-sellers, va donner lieu à des confidences dont on essaie sans cesse de démêler le vrai du faux. En effet, comment faire le tri de ses déclarations quand sa réputation est celle d’une mystificatrice et qu’elle considére la vérité comme aléatoire et hypothétique.

Même si je dois reconnaître n’avoir pas eu de franc coup de coeur pour les personnages, j’ai en revanche adoré cette plongée dans le passé et l’histoire de ces deux jumelles bien énigmatiques. Manoir austère et intriguant qui rappelle « Les Hauts de Hurlevent », mystères et fantômes, secrets de famille et morts suspectes, absolument tous les ingrédients sont présents pour nous faire chavirer. Si vous aimez les atmosphères proches des romans anglais où planent l’ombre de Wilkie Collins et des soeurs Brontë (beaucoup de références à Jane Eyre) vous ne pourrez qu’aimer celui-ci.

J’avais pourtant quelques doutes en lisant la quatrième de couverture et ce sont les différents commentaires de bloggeurs et bloggeuses qui ont su  me convaincre. Je n’ai pas décroché une seule seconde malgré les méandres que prend cette confidence. Quand on croit avoir saisi la vérité, on se retrouve piégé et égaré. Et tout en livrant son passé, Vida aide Margaret à accepter le sien. Tout cela avec une finesse d’écriture et  une maturité qui étonne quand on sait que l’auteur est tout juste âgé de 30 ans.

Un vrai chef-d’oeuvre qui permet de passer un merveilleux moment de lecture.

L’Auberge de la Jamaïque, Daphné Du Maurier

Dimanche 26 octobre 2008

L'Auberge de la Jamaïque, Daphné Du Maurier dans EUROPE auberge-1

4ème de couverture :

Orpheline et pauvre, Mary Yellan n’a pas d’autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l’Atlantique. Dès son arrivée à l’Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères. Cette tante qu’elle a connue jeune et gaie n’est plus qu’une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant, qui enjoint à Mary de ne pas poser de questions sur les visiteurs de l’auberge. Auberge dans laquelle, d’ailleurs, aucun vrai voyageur ne s’est arrêté depuis longtemps… De terribles épreuves attendent la jeune fille avant qu’elle ne trouve le salut en même temps que l’amour. Dans la grande tradition romantique des soeurs Brontë, la romancière anglaise, auteur de Rebecca, nous entraîne avec un sens prodigieux de l’ambiance et de l’intrigue au coeur d’un pays de landes et de marais battu par les tempêtes, où subsiste la sauvagerie ancestrale des pirates et des naufrageurs.

Mon avis :

J’ai peur de possibles représailles, mais il faut bien être sincère non? Malgré la lecture de « Rebecca » qui m’avait enchanté, malgré tout ce que j’ai pu lire sur « L’Auberge de la Jamaïque », la magie n’a pas opéré sur moi ce coup-ci.

Oh bien sûr, je reconnais que la plume de cet auteur est plus qu’agréable et  avec un peu d’imagination, l’on s’imagine parfaitement les paysages qu’elle décrit. La lande peut alors devenir un vrai décor angoissant, le bruit, le vent, l’étendue désertique, tout, et cette auberge un antre funèbre et sinistre. J’admet aussi avoir été surprise de découvrir une héroïne dégourdie et, il faut le dire, assez effrontée, là où j’attendais un personnage un peu…comment dire…pudibond et peut-être même un peu « gnangnan » (je sais, j’aurais pu trouver un terme un peu plus recherché, mais vu l’heure tardive, ça vient pas….). Mais à trop vouloir être casse-cou on en devient un peu trop audacieux, à la limite de l’insouciance. Et là où moi j’aurais pris la poudre d’escampette après avoir passé 5 secondes dans cette auberge, notre chère Marie Yellan s’accroche et tente même quelques petites provocations. Hé bah moi je dis, « respect » Marie, tu m’impressionnes!!

Mais bon voilà, j’avoue qu’elle m’a vite chatouillé, irrité, euh…horripilé Marie. Je sais pas pourquoi, elle a pourtant l’air de bonne volonté, mais y a un petit quelque chose chez elle qui ne cessait de m’échauffer. 

Et quant à la trame du récit lui-même,  à chaque page que je tournais, j’espèrais enfin plonger tête la première dans l’histoire, sans pouvoir me retenir à quoi que ce soit, de manière inattendue, comme ça peut m’arriver parfois au détour d’une histoire captivante. Mais là, je l’espérais trop pour que ça devienne un tant soit peu inattendu. Alors j’ai pris mon mal en patience et ai attendu la fin sans surprises, sans grand enthousiasme, sans l’envie de continuer coûte que coûte, quelque soit le nombre d’heures qui peuvent s’écouler sans que l’on s’en rende compte. J’avais juste pas envie d’abandonner en cours de route, parce que… bah j’aime bien aller jusqu’au bout quand même, et aussi parce que comme je tente d’être d’un naturel positif, je me suis dis que peut-être que Daphné du Maurier avait concocté une fin à rebondissements extraordinaires. Mais malheureusement, tel ne fut pas le cas.

Alors bon, je m’en vais remettre ce livre dans ma bibliothèque d’un air déçu, ne sachant pas trop si du coup je me lancerais dans la lecture de « Ma cousine Rachel » qui attend pas bien loin. Disons qu’avec la lecture de « Rebecca », on est à 1-0 et que je vais jouer la belle avec ce troisème roman. Juste pour voir….

Thérèse et Pierrette à l’Ecole des Saints-Anges, Michel Tremblay

Mardi 14 octobre 2008

Thérèse et Pierrette à l'Ecole des Saints-Anges, Michel Tremblay dans AMERIQUE DU NORD

4ème de couverture :

Entre les colombes et les vautours, Thérèse, Pierrette et Simone, les trois fillettes inséparables de l’école des Saints-Anges, ouvrent soudain les portes de la connaissance.
En quatre journées menées, au rythme d’une symphonie de Brahms, ces personnages rencontrent l’hostilité de mère Benoîte-des-Anges, marâtre et cruelle directrice, alors que vont bon train les préparatifs de la Fête-Dieu. Ce roman entre ciel et terre, où le mysticisme le dispute à l’hypocrisie et au mensonge, est le second tome des Chroniques du Plateau Mont-Royal. Son action, toujours dans le Montréal prolétaire de 1942, se situe un mois après les événements racontés dans « La grosse femme d’à côté est enceinte ».

Mon avis :

Après avoir découvert l’oeuvre de Michel Tremblay avec le premier tome des Chroniques du Plateau Mont-Royal, à savoir La Grosse femme d’à côté est enceinte, me revoilà partie dans le Montréal des années 40 avec Thérèse et Pierrette à l’Ecole des Saints-Anges

Thérèse, jolie petite fille de 11 ans, fille d’Albertine et nièce de la grosse femme, est inséparable de son amie Pierrette aux « dents croches ». Pour tout le monde, elles sont « Thérèse pis Pierrette ». Mais malgré les apparences, « Thérèse pis Pierrette » n’est pas un duo mais bien un trio. Car derrière le « pis » se cache la timide et insignifiante Simone, affublée d’un terrible bec de lièvre  qui lui cause bien du chagrin… Et comme l’indique le titre, ce trio indissociable arpente chaque jour les couloirs de l’école des Saints-Anges, théâtre où vont se jouer quatre journées décisives dans la vie de chaques protagonistes.

Tout commence un mois après la fin de La grosse femme d’à côté est enceinte. Simone, après une intervention chirurgicale visant à atténuer la malformation de sa lèvre « fendue », reviens à l’école entourée de ses deux amies. Si elle s’inquiète du regard de ses camarades d’école, le pire viendra de la mère supérieure et directrice de l’école, j’ai cité : Mère Benoîte-des-Anges, aussi surnommé « Mère Dragon du yable » par nos petites élèves. Suite à une terrible humiliation infligée par cette dernière au sujet de son opération, Simone s’en retourne chez elle, anéantie, après seulement une matinée à l’école. S’ensuit alors tout un enchaînement : soeur Sainte-Catherine, enseignante de la classe de Simone, s’insurge et proteste contre l’attitude de la mère supérieure, et cette dernière, vexée d’un tel affront, la congédie rudement. C’est alors toute une école qui décide de faire front contre cette religieuse autoritaire et sans pitié pendant l’évènement le plus important de l’école : la préparation de la Fête-Dieu. 

Les élèments mis en place dans le tome précédent commencent à prendre forme ici et nous retrouvons avec plaisir quelques-uns de ses protagonistes : Victoire la grand-mère, Albertine sa fille, Thérèse et Marcel les petits-enfants. La grosse femme est à l’hôpital où elle attend avec impatience d’arriver au terme de sa grossesse ; Marcel retrouve son chat, officiellement mort dans le tome précédent, visiblement (ou invisiblement) remis sur pattes grâce à nos quatre tricoteuses, toujours aussi mystèrieuses ; Albertine fait de son mieux pour être plus agréable à vivre ; Victoire tente de déjouer la folie et la mort qui semblent la tourmenter et Thérèse quant à elle se voit suivie par Albert, le gardien de parc, rencontré lui aussi dans le premier tome. Et c’est avec un aussi grand plaisir que nous retrouvons le parlé typiquement québécois qui, dans la bouche de Thérèse, devient une vraie merveille d’écriture. Car cette petite élève a bien du caractère et se laisse rarement marcher sur les pieds. Elle sait ce qu’elle veut, ne doute de rien et use de la langue de chez elle pour remettre en place  quiconque viendrait se mêler de ce qui ne le regarde pas.

Un deuxième volet qui fait autant de bien que le premier, qui fait chavirer le coeur autant qu’il fait sourire, qui déroute le lecteur par le surnaturel autant qu’il l’ancre dans la réalité…. Bref un second tome qui laisse présager une suite tout aussi réussie!! 

Basil, Wilkie Collins

Mercredi 17 septembre 2008

Basil, Wilkie Collins dans EUROPE 2752901089

4ème de couverture :

Un jeune homme s’engage dans un mariage qui ne tarde pas à se révéler un guet-apens… Où la bonne société victorienne nous dévoile le dessous – peu reluisant – de ses crinolines.

Basil, le plus “sexué” des romans de collins, en tout cas l’un des plus délicieusement inconvenants, ne fait pas beaucoup de cadeaux à son lecteur…qui n’attend d’ailleurs que cela, l’hypocrite.

À ne pas lire la nuit si l’on veut dormir.

Mon avis :

Voici ce que nous dis la 4ème de couverture…. On ne sait pas trop à quoi s’attendre à la lecture de ce résumé mais si vous êtes comme moi, vous vous attendez sans doute à une ambiance menaçante et obscure…. non? Alors, dans la joie du partage, je vais vous en dire un peu plus sur ce « Basil »…..

Basil, c’est le  »bon » fils d’une famille riche et honorable. C’est le garçon type toujours aimable, bienveillant, tolérant, coulant, limite benêt…. C’est celui, vous savez, qui n’a jamais un mot plus haut que l’autre, qui s’emporte rarement et qui se liquéfie dès qu’il doit affronter son père. Ceci dit, c’est vrai qu’il a pas l’air franchement coulant lui pour le coup. On sent qu’il vaut mieux éviter de lui donner une petite tape amicale dans le dos tout en lui disant : »hé, salut papa, ça gaz? » . Et Basil fait très attention à ne jamais décevoir son père, qui met d’ailleurs un point d’honneur à protéger l’honneur et l’estime de cette si respectueuse famille avec un orgueil écrasant.

Mais voilà que bientôt  l’amour s’en mêle. Basil fait la rencontre de la jolie Margaret et le sang lui monte à la tête. Dans un accés de folie (parce qu’il faut réellement onduler de la toiture pour demander en mariage une personne qu’on a seulement entrevue dans un fiacre, mais pourquoi pas après tout?….), il demande la main de cette ravissante demoiselle à son père qui, après moult tergiversations, accepte. Mais à certaines conditions… Oh rien de bien méchant… : Basil épousera sa dulcinée dans une semaine mais celle-ci ne deviendra réellement sa femme qu’au bout d’un an. Et que croyez-vous qu’il fait notre Basil? Bah il accepte évidemment…. 

Mais y a un autre gros soucis dans cette histoire. C’est que cette jeune Margaret n’est pas exactement du même rang social que Basil. Alors vous pensez bien qu’il ne s’est pas précipité pour porter la bonne nouvelle à son père. Basil se marie donc en cachette et repousse à plus tard le moment de mettre son père au jus. Vous me direz si vous êtes d’accord avec moi, mais le fait d’attendre un an pour annoncer à vos parents que vous vous êtes mariés, bizarrement, j’ai l’impression que c’est justement là que les ennuis peuvent commencer. Allez comprendre….

 Voilà donc Basil marié et je m’arréterais là dans le résumé, car le reste du récit laisse place au machiavélisme des personnages et aux tourments du piège dans lequel notre  »héros » est allé se mettre. Ce livre apparaît comme un véritable thriller du XIXe siècle, avec une atmosphère si précise et si visuelle que l’on imagine sans peine les rues de Londres. C’est une histoire funeste et d’une noirceur implacable où l’imposture et la sournoiserie des uns entraîne la vengeance des autres, donnant naissance à la démence et au crime.

Malheureusement, même si l’histoire de cette mésaventure est haletante, la psychologie des personnages est très peu fouillée et ils manquent donc cruellement de profondeur. Ils agissent tels des pantins comme dénués de tout sens critique, ne suivant qu’une seule ligne de conduite. On éprouve donc beaucoup de difficulté à s’attacher à eux ou même à les détester. Peu de temps après avoir tourné les dernières pages, leur souvenir était déjà flou, sans contours.

Malgré une écriture délicate ce livre ne me laissera sans doute pas un souvenir bien vivace….

La grosse femme d’à côté est enceinte, Michel Tremblay

Mardi 29 juillet 2008

La grosse femme d'à côté est enceinte, Michel Tremblay dans AMERIQUE DU NORD 51FXA9BFK6L._SL500_AA240_

4ème de couverture :

Au coeur du Plateau Mont-Royal, ce quartier populaire de Montréal qui prend des allures de véritable microcosme social, une femme de 42 ans, enceinte de sept mois, devient le centre d’un monde réaliste et fantasmagorique. Dans la journée du samedi 2 mai 1942, alors que tourbillonnent émotions et drames de la vie privée, le romancier met en place, avec un grand bonheur d’écriture, les acteurs du premier tome du puissant cycle romanesque des Chroniques du Plateau Mont-Royal.

Mon avis :

Le récit de La grosse femme d’à côté est enceinte, de Michel Tremblay, fut écrit une dizaine d’années après sa pièce de théâtre Les Belles soeurs. Si le genre littéraire change, l’action pourtant rappelle ici le théâtre puisqu’elle  se réduit à une seule journée, le 2 mai 1942, et à un même lieu, le quartier du Plateau Mont-Royal, plus particulièrement la rue Fabre et le Parc Lafontaine. Ce condensé de vies donné à voir en une seule journée, à première vue normale, mais pas tout à fait ordinaire, et cette galeries de portraits vivants, complexes et variés rendent la lecture de ce livre exquise.

L’histoire est avant tout celle d’une famille autour de laquelle gravite celle d’un quartier. Si Victoire, la grand-mère, semble être la figure centrale de cette famille, c’est pourtant bel et bien « la grosse femme » qui est le point névralgique et le symbole maternel par excellence. Son obésité joint à sa grossesse la condamne à l’inactivité, assise seule dans sa chambre, et tous les autres personnages composent leur vie autour d’elle. Son absence même de prénom lui confère une nature universelle et c’est auprès d’elle que les uns et les autres viennent s’épancher et se confesser. Ce thème de la maternité est omniprésent dans le récit, révélée à la fois comme ce qu’il y a de plus beau et de plus vénérable quand la grossesse est souhaité, ce qui est le cas de « de la grosse femme », ou alors entâchée par la répugnance et le refus, ce qui est le cas d’autres femmes enceintes du quartier et d’Albertine, la belle-soeur de la grosse femme. Michel Tremblay met en relief le fait que durant la guerre, l’enfantement pouvait dispenser les hommes d’aller à la guerre. Certaines femmes devenaient alors mère par contrainte et obligation plutôt que par désir. De plus, l’ignorance et l’absence de communication menaient les femmes à méconnaître leur condition d’épouse et de futur mère. Dans le récit, c’est la grosse femme, qui à la fin, réunit les femmes enceintes et tente de les éclairer sur ces choses de la vie. 

Même si je m’attache particulièrement au personnage de la grosse femmes, tous les autres personnages sont aussi passionnants, et l’on se rend d’ailleurs compte que l’amour et la sexualité ne préoccupent pas seulement les femmes enceintes. Voyez Edouard dont nous comprenons bien les penchants, les deux enfants, Thérèse et Richard qui découvrent les troubles de la sexualité, Albertine qui la rejette, la grosse femme et son mari qui y aspirent, etc…

Et puis, il y a aussi ces quatres femmes, les trois tricoteuses et leur mère, les gardiennes, les tisseuses de destin, invisibles protectrices semblables aux Parques, qui distillent dans le roman cette touche de fantastique et de surnaturel qui côtoie avec un naturel déconcertant le réalisme du récit. 

Et puis bien sûr, il serait impensable de ne pas parler du langage, du parler typiquement québécois, qui ne rend pas les mêmes sensations que le classique français. Et de ce langage naît le pouvoir de communiquer et de rentrer en contact. Il n’est pas besoin de description dans ce livre, le langage seul permet de voir, de sentir les personnages, il est totalement visuel.

Que dire de plus pour raconter mon plaisir de lecture, pour rendre compte de la beauté de ce récit et du talent de son auteur et pour vous donner à votre tour le désir de rencontrer la grosse femme? Tout simplement que vous allez côtoyer des personnages attachants dans un univers qui l’est tout autant, que vous aurez aussi souvent un sourire aux lèvres qu’un pincement au coeur, et que vous aurez une envie irrésistible de lire à voix haute…

Un grand merci à ma maman, ma figure maternelle à moi, qui a eu l’excellente idée de me confier ce livre de Michel Tremblay.

ON EN PARLE ICI AUSSI : Karine

Les noces sauvages, Nikki Gemmell

Samedi 5 juillet 2008

Les noces sauvages, Nikki Gemmell dans GENRES LITTERAIRES 2714436374.08.LZZZZZZZ 

4ème de couverture :

« Un chèque est à l’origine de cette histoire. L’enveloppe qui l’apporta était bleuie par la crasse et, pour être passée entre trop de mains, fine comme du papier à cigarettes. Elle mit deux mois pour atteindre Snip. Le montant du chèque était conséquent et les instructions jointes, tapées à la machine, brutales : Traque-le! »

Ainsi commence l’hallucinant voyage de Snip Freedman. Un voyage qui, pour la jeune artiste vagabonde, instable va se transformer en une vraie quête des origines.

Plusieurs milliers de kilomètres de route qui la mènent jusqu’au coeur de l’Australie originelle, celle des Aborigènes dont la mystèrieuse culture reste à jamais impénétrable aux Blancs, celle du désert ocre qui s’étend au centre du pays, sauvage, plombé de soleil, où elle va frôler la mort et aussi, enfin, toucher du doigt sa vérité…

Mon avis:

Quand j’ai entendu parler de cette auteure et de ce livre en particulier, j’ai tout de suite ressenti beaucoup de curiosité et d’intérêt. Il y était question de l’Australie, et rien que pour ça, je voulais tenter l’expérience. Mais, au final, mon sentiment définitif est assez mitigé.

J’ai été conquise par la description de ce territoire infini, désertique, brûlant, inhospitalier… Malgré toute son hostilité, il captive, fascine, et provoque par sa singularité. Et Nikki Gemmell a l’aisance et la virtuosité d’en parler de cette manière. Elle montre avec réalisme ce qu’il est et ce qu’il représente pour les Australiens et les Aborigènes. Et ici aussi, elle parle de ces deux cultures comme on marche sur la pointe des pieds : sans trop en dire, en laissant deviner et imaginer. Elle montre du doigt mais toujours de manière discrète, car l’heure n’est pas à l’explication ni à la justification. Mais de manière très subtile, elle parle de ce fossé qui existe entre ces deux « communautés ». Les uns sont les « Blancs », les autres sont les « Noirs »… On s’aborde, on se jauge, on se craint parfois, on tente de se respecter, mais il existe une limite invisible que l’on devine toujours…

Quant à l’histoire, je dois reconnaître que si je ne suis pas une inconditionnelle de ces héros en proie à l’instrospection et à l’auto-analyse, cette Snip est attachante et la relation avec son père émouvante. Mais bon, sans le décor autour, aussi omniprésent, je ne suis pas sûre que j’aurais accroché avec cette histoire. Le désert, l’outback est vraiment un des personnages principaux et sans lui, le récit n’aurait pu la même saveur.

Mais ce qui m’a le plus gêné, c’est le style d’écriture, cette prose poétique, trop ciselée, trop tranchante, qui manque de naturel à mon goût, mais qui a sans doute son charme pour ceux qui apprécient. Je ne suis malheureusement pas de ceux-là…

ON EN PARLE ICI AUSSI : Yueyin

Le monde selon Garp, John Irving

Jeudi 26 juin 2008

Le monde selon Garp, John Irving dans AMERIQUE DU NORD 9782020363761

4ème de couverture :

Jenny Fields ne veut pas d’homme dans sa vie, mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d’écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n’est jamais loin… Un livre culte, à l’imagination débridée, facétieuse satire de notre monde.


Mon avis :

Ouh la…!! Dur exercice qui m’attend là. En lectrice inconditionnelle des romans de John Irving, je ne suis pas sûre d’arriver à faire une critique vraiment…. euh… »critique ». Je suis sûre que si c’était l’auteur du bottin, l’annuaire aurait pu devenir mon livre de chevet… Mais n’exagérons pas, essayons de faire un commentaire construit….

L’histoire?… Difficile de la raconter. Il s’agit plustôt d’un ensemble d’histoires représentées par une multitude de personnages plus hauts en couleur les uns que les autres…

Il y a Garp bien sûr… son enfance, sa vie d’adulte, son goût de l’écriture, ses angoisses de père…et puis Garp c’est aussi tous ces autres personnages qui gravitent, tels des satellites, autour de lui : sa mère, écrivain et féministe jusqu’au bout des ongles de pieds, sa femme Hélène, sa meilleure amie transexuelle, ses enfants…et encore bien d’autres…

Garp, c’est aussi une ribambelle d’anecdotes, d’événements aussi cocasses qu’extravagants et dramatiques, et décris avec force détails et minutie. Et tous ces épisodes s’encastrent comme dans un engrenage invisible mais toujours contrôlé. Importance aussi de ces actes a priori insignifiants, des faux-pas accidentels ou non, mais dont les répercussions annoncent parfois de véritables tragédies. 

Mais Garp, ainsi que tous les autres personnages c’est aussi et surtout un miroir : voyez leurs flaiblesses, leurs défauts, leurs folies, leurs sensibilités. Vous pourrez toujours vous identifier à tel ou tel personnage, parce que un ou plusieurs aspects de leur caractère, ressemble au nôtre. Même quand ça paraît étrange ou farfelue, on est près à croire que c’est vrai. Son histoire n’est qu’une somme des parties de chacun de nous. L’on ne peut échapper à ces reflexions pertinentes sur le sens de la vie : sur tout ce que nous avons réalisé et tenté de mener à bien dans la vie, malgrès les peines, les tourments et les disparitions… C’est toute la fragilité de la vie qui est décrite ici… Et ce roman est en parfaite conformité avec elle.

C’est presque difficile d’exprimer verbalement ce qu’est cette oeuvre. J’éprouve quelques difficultés à formuler avec concision ce qui m’attire en elle. Ce que j’y vois, c’est une oeuvre vivante, une ligne de vie…

ON EN PARLE ICI AUSSI : Gaël, Bluegrey, Choupinette

Le matou, Yves Beauchemin

Mercredi 25 juin 2008

Le matou, Yves Beauchemin dans AMERIQUE DU NORD le-matou

4ème de couverture :

Florent Boissonneault, jeune montréalais, rêve de posséder son propre restaurant et Elise, son épouse, de fonder une famille. Un jour, Florent rencontre un étrange vieux monsieur, Egon Ratablavasky, qui lui propose de l’aider à racheter  » La Binerie  » un petit restaurant en vente à un prix dérisoire. Enfin propriétaires,  Florent et Elise prennent en affection  » monsieur Emile « , un jeune garçon de six ans délaissé par sa mère et qui a trouvé refuge, avec son chat, dans leur restaurant. Mais la générosité de Ratablavasky laisse place à une méchanceté sordide que seule la malignité du matou de  » monsieur Emile  » pourra finalement déjouer…

Mon avis :

C’est, à mon sens, un roman incontournable pour qui souhaite découvrir la littérature québécoise… voire même, incontournable tout court!! Et je remercie ma petite maman de m’avoir mis ce livre entre les mains…

On découvre en effet un récit captivant qui s’équilibre entre conte et réalisme : d’un côté, de la fantaisie, un soupçon de fantastique, et quelques situations rocambolesques, et de l’autre, la description du Montréal d’il y a 30 ans, ses rues, ses habitants, son accent si charmant et son froid perçant et impitoyable…

Vous vous attacherez sans doute aux héros et à tous les personnages secondaires, dont vous deviendrez l’ami(e) au fur et à mesure du récit, et si vous êtes comme moi, vous aurez bien du souci à les quitter au moment de refermer le livre sur cette incroyable histoire.

Je n’ai qu’une chose à dire : « Merci M. Beauchemin et encore!! »

La maison du sommeil, Jonathan Coe

Mardi 24 juin 2008

La maison du sommeil, Jonathan Coe dans EUROPE 756393

4ème de couverture :


De bien curieux événements se déroulent à Ashdown, inquiétante demeure perchée sur une falaise des côtes anglaises. Naguère, c’était une résidence universitaire, où se sont croisés Sarah la narcoleptique, Gregory le manipulateur, Veronica la passionnée, Robert l’amoureux transi, Terry le cinéphile fou. Leurs destins ont divergé, mais les spectres du passé continuent de hanter Ashdown, devenue une clinique où le sinistre docteur Dudden se livre à de monstrueuses expériences sur les troubles du sommeil. Par quelles mystérieuses coïncidences tous les personnages vont-ils s’y retrouver ? Et quelles transformations vont-ils subir ? Une fresque foisonnante et rigoureuse où l’illusion amoureuse va jusqu’à l’extrême limite de sa réalisation, et où la vérité sort toujours des rêves.

Mon avis :

J’ai découvert Jonathan Coe avec ce roman et ça m’a donné aussitôt envie d’en lire beaucoup d’autres…

Ici, deux récits se chevauchent : ils nous content tous deux l’histoire d’Ashdown, « cette inquiétante demeure », mais à quelques années d’intervalles…Les étudiants qui s’y sont croisés, à l’heure où cette bâtisse était encore un foyer universitaire, vont à nouveau s’y retrouver lorsque celle-ci est reconvertie en clinique du sommeil.

Vous serez conquis par l’humour sans cynisme de Jonathan Coe, car les situations délirantes ne manquent pas. Mais réduire ce livre à de l’humour serait une injustice… Il s’agit de beaucoup plus : une connaissance de l’univers étonnant et mystérieux du sommeil ; une histoire d’amour où hommes et femmes se rencontrent, se perdent de vue, se lient et se délient ; et enfin un remarquable suspens où les pièces du puzzle s’encastrent au fur et à mesure jusqu’au dénouement final où l’on comprend enfin ce qui lie tous les personnages… Digne d’un grand Hitchcock!!

Alors oui…, sans mauvais jeu de mot, ce livre m’a tenu en éveil, il m’a même fait vivre une ou deux nuits blanches, et je l’ai terminé comme au sortir d’un rêve : étourdie et égarée…

ON EN PARLE ICI AUSSI : Benoît, Bluegrey

Escale à Barcelone…

Vendredi 20 juin 2008

Escale à Barcelone... dans EUROPE carte-espagne   696941-gf dans GENRES LITTERAIRES

LOmbre du vent, Carlos Ruiz Zafon

Me voilà fraîchement débarquée à Barcelone que je vais avoir l’opportunité de découvrir sous deux aspects différents via un petit voyage dans le temps : la Barcelone de l’après-guerre civile et celle de la fin des années 50… 

C’est à cette première époque que j’ai rencontré Daniel Sempere, 10 ans, et son père. Cet homme emmenait alors son fils dans un endroit demeuré secret, le Cimetière des Livres Oubliés, pour se prêter à un étrange rituel qui se transmet de générations en générations : »l’adoption » d’un ouvrage que l’enfant doit lui-même choisir.L’enfant a choisi le livre, mais j’ai souvent eu l’impression aussi que c’est le livre qui a choisi l’enfant… Toujours est-il que ce volume va changer le restant de la vie de Daniel qui va s’obstiner des années durant à retrouver la trace de son auteur…

J’ai passionnément aimé me balader aux côtés de ces personnages tous plus attachants les uns que les autres et qui m’ont fait découvrir une Barcelone tout à la fois dure, réelle, fantasque et magique. Et c’est avec une peine non dissimulée que mon séjour espagnol s’est terminé, avec de la magie plein des yeux et un amour ses livres qui avait encore décuplé…

Et comme j’étais dans le coin, j’ai poussé un peu vers l’ouest, direction le Portugal pour un séjour à Lisbonne…

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